Ambre et Angèle

En 1943, pendant la Deuxième Guerre mondiale, Joseph Kessel publie L’Armée des ombres. Son livre est un symbole de la résistance française. Dans son ouvrage, l’un de ses personnages est Philippe Gerbier, qui dirige un des mouvements de la Résistance, aborde le sujet avec son ami Roger Legrain, un jeune militant communiste. Gerbier définit à la page 31 du livre les Allemands ainsi :

« Tu comprends, ils sont venus dans leurs chars, avec leurs yeux vides. Ils pensaient que les chenilles des chars sont faites pour tracer la nouvelle loi des peuples. Comme ils avaient fabriqué beaucoup de chars, ils avaient l’assurance d’être nés pour écrire cette loi. Ils ont en horreur la liberté, la pensée. Leur vrai but de guerre, c’est la mort de l’homme pensant, de l’homme libre ».

Dans cette phrase, Gerbier fait référence aux Allemands qui sont entrés en guerre contre la France, pensant qu’ils pourraient imposer leur présence et leurs lois sans que les Français ne réagissent et ne se rebellent. Il explique cette arrivée violente des Allemands et cette entrée en guerre de la France contre l’Allemagne par « ils sont venus dans leurs chars », décrivant des Allemands sans aucune pensée ni réflexion par « leurs yeux vides », sous entendant ainsi l’importance la pensée. Quand il explique à son ami que les SS « pensaient que les chenilles des chars sont faites pour tracer la nouvelle loi du peuple », il met le verbe penser au passé, montrant que cette idée est révolue, sous entendant que le peuple français ne s’est pas laissé faire et résiste. Il précise que, sûrs d’eux et par la violence, la victoire était acquise. Que cette victoire était de plus acquise en toute impunité puisqu’ils « avaient l’assurance d’être nés pour écrire cette loi ». Gerbier montre de plus à son ami l’atrocité des SS par une phrase très dure : « leur vrai but de guerre, c’est la mort », et surtout la mort de « l’homme pensant, l’homme libre ». Il insiste sur la menace de voir les libertés bafouées.

Ces hommes et ces femmes libres qui ont su résister pendant la Deuxième Guerre mondiale sont nombreux, connus ou méconnus. Certains se sont illustrés par des actes qui ont pu les rendre plus célèbres que d’autres. Renée Lascroux est entrée dans la Résistance en 1940. Elle a montré aux hommes et à toute la France que les femmes pouvaient avoir un rôle à jouer dans cette guerre. Par son intelligence, son courage et sa détermination, Renée Lascroux a été un agent de liaison important au « service de passage » et « d’évasion » de prisonniers français, anglais et canadiens. Elle a activement participé au réseau de résistance en risquant sa vie. En effet, elle a été arrêtée et condamnée à mort sans rien révéler et, comme d’autres résistants, elle a été déportée dans le camp de Ravensbrück en 1943 puis vers Bergen-Belsen. Elle aura la chance d’être rapatriée par les Anglais le 1er juin 1945, à la Libération.

Georges Anatole Lapierre, secrétaire national des instituteurs et directeur d’école, a su utiliser ses compétences professionnelles pour constituer un réseau de résistance des instituteurs sur tout le territoire. Il a animé ce réseau grâce à son esprit de civisme et sa certitude d’une victoire française, soutenant ses compagnons et les encourageant à travailler pour une société plus juste et fraternelle. Il a prouvé que chaque individu pouvait être à l’origine d’une chaîne de résistance importante et créer un réseau d’envergure et, par sa conviction, faire adhérer ses compatriotes à cette envie de résistance. Ses actions au service de la Résistance lui ont coûté, la vie. Il a été déporté en 1943, ira dans quatre camps différents en Allemagne et mourra à Dachau, en 1945, de mauvais traitements et d’épuisement, sans jamais cesser de penser à la reconstruction française.

D’après les actes de ces hommes et de ces femmes et les écrits qui sont remontés jusqu’à nous, nous associons la Résistance française à certaines valeurs.

Tout d’abord, les valeurs patriotiques. Ces personnes ont voulu donner à la France, leur patrie, le meilleur d’eux-mêmes et parfois au sacrifice de leur vie. Les résistants sont des bénévoles, ils s’engagent pour leur patrie sans contrepartie. Ces valeurs patriotiques sont communes à tous, qu’ils soient nationalistes, catholiques, républicains, ouvriers, communistes, socialistes, paysans. Elles sont très présentes dans des lettres à leurs familles, écrites par des résistants sur le point d’être fusillés, où on lit souvent un « Vive la France ».

Les valeurs démocratiques animent aussi cette résistance et sont actuelles de nos jours : les résistants ont refusé un régime qui ne donnait pas les mêmes droits et les mêmes libertés à l’ensemble des citoyens sans distinction de race et de religion, qui pourchassait les Communistes, les francs-maçons ou les Juifs. Il se sont battus contre le régime de Vichy qui a bafoué les principes élémentaires de la démocratie.

Enfin, on ne peut pas évoquer la Résistance sans évoquer la solidarité et le courage. Ainsi, par exemple, de nombreuses familles, en ville ou à la campagne, ont caché, aidé des familles juives persécutées, souvent au péril de leurs vies, ou scolarisé sous de faux noms des enfants juifs afin qu’ils puissent échapper à la déportation.