GODFRAIN Jacques

ÉTAT-CIVIL

  • Date de naissance : 15/09/1921
  • Ville de naissance : Paris
  • Département de naissance : Seine

STATUT DANS L’ÉDUCATION NATIONALE

  • Situation administrative : Elève
  • Etablissement : Lycée Janson-de-Sailly
  • Ville : Paris 16e

DISTINCTION

  • Proposé pour : Médaille de la Résistance
  • Grade : Avec Rosette
  • Vivant/décédé : Décédé
  • SI décoré, date du décret : NR

FAITS DE RÉSISTANCE

  • Alias : NR
  • Famille dans la Résistance : NR
  • Mouvement/réseau : NR
  • Statut : NR

Texte de la citation :

Elève d’un lycée parisien, affilié au corps-franc Liberté, fusillé par les Allemands, dans des conditions d’odieuse cruauté, alors qu’avec onze camarades, il allait rejoindre les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Victime d’un des actes les plus révoltants de la répression nazie.

Rapport justificatif :

Appartenait a une organisation qui groupait des éléments appartenant aux établissements scolaires parisiens. Il devait être rejoindre le maquis le 9 juin 1944 . Aux environs d’Orléans, le 8 juin un noyau se constitua qui fut hébergé à la ferme de By, relai prévu. Le groupe fut dénoncé par un traître et surpris à l’aube du lendemain.

Le 6 juin 1944, la radio annonçait le débarquement anglo-américain les côtes de France. Le bruit courait immédiatement à Paris qu’on allait interdire toute circulation hors du département de la Seine, et que les Jeunes gens seraient immobilisés dans la ville peut-être même enfermés. La plupart des étudiants des grandes écoles s’étaient depuis longtemps fait le serment de garder leur liberté pour être prêts à servir la France. Aussi crurent-t-il possible de s’en aller dans les campagnes par petits groupes, se logeant dans des fermes où ils aideraient les paysans.

Un petit groupe de camarades d’un collège de Paris partit à bicyclette par quatre ou cinq, et, après deux étapes, arriva 10 jeudi 8 juin à M…. où la chatelaine du pays les accueillit dans l’une de ses dépendances. Ces garçons avaient préparé durement leurs examens étaient tout heureux de se détendre dans une atmosphère sympathique. Ils étaient tranquilles, ayant tous leurs papiers en règle : carte d’identité d’étudiants, de recensement, de sursis d’examen pour le Service du travail obligatoire (STO) ; heureux d’être en pleine forêt de Sologne, pays ou l’on semblait ignorer la guerre, et où pas un uniforme ne se montrait.

Pendant deux jours, ils se promenèrent partout, connurent les propriétaires, les marchands, les paysans qui les ravitaillaient largement. Le samedi 10, la nouvelle se répandit dans le pays que la Gestapo opérait dans les environs et rapidement on apprit qu’après avoir trouvé 29 jeunes gens dans une grange dans la commune voisine, les avait malmenés et les avait exécutés sans autre forme de procès. Parmi les 29, il y avait deux deux gamins du pays qui étaient venus coucher sur la paille avec eux).

On prévint les douze jeunes gens de M… du danger proche en leur conseillant de se séparer. Mais, sûrs de leur bon droit, il ne se pressèrent pas de partir et firent tranquillement leurs paquets. Hélas, vingt minutes ne s’étaient pas écoulés qu’une colonne de 120 allemands armés arriva sur la Tuilerie. Ils s’emparèrent de ces petits : l’ainé avait 20 ans, les autres de 17 à 19 ans. Ils les dépouillèrent de leurs vestes afin de prendre leurs cartes d’identité puis les poussèrent, les bras sur la tête jusque devant le château. Là, ils reprochèrent à la propriétaire de donner asile a des francs-tireurs. Celle ci leur répondit  »regardez-les, ce sont des enfants », ils n’ont pas d’armes, pas d’uniformes, pas d’insignes. Ils sont pareils a tous les campeurs ou réfugies que nous recevons constamment. Le chef répondit qu’ils appartenaient à l’armée de la Résistance, que c’étaient des terroristes.

Les soldats fouillèrent par tout pour trouver une arme, puis les emmenèrent sur deux filles de six jusqu’à la route ou ils avaient laisse leurs cinq camions plus une voiture cellulaire. Ils interdirent aux habitants de sortir de leurs maisons. Les pauvres petits croyaient qu’on allait les embarquer pour les juger ou les emprisonner. Hélas, leurs bourreaux leurs firent traverser la route et sauter le fossé qui la sépare de la forêt. Toujours par six, ils les engagèrent dans un chemin forestier.

A ce moment, nos pauvres petits comprirent qu’ils étaient sacrifiés. La tête haute, ils marchèrent bravement et disparurent aux yeux des témoins. Quelques minutes plus tard on entendit deux rafales de mitrailleuses. Personnes ne savait ou cela s’était passé : le château est a 5 km du village. On vit repasser la colonne allemande, certains crurent que les enfants étaient dans la voiture cellulaire. L’angoisse pesait sur le pays ; vingt quatre heures passèrent.

Alors, on vit arriver le préfet du département accompagné d’un allemand qui avait été le prévenir que la Gestapo avait  »livré combat » la veille, à douze jeunes gens armés et les avaient abattus. Ils allèrent sur les lieux avec le maire et le curé. Là, un horrible spectacle les attendait : à droite et à gauche d’une clairière, six d’un côté, six de l’autre, gisaient les innocentes victimes, toutes tombées les unes sur les autres, non pas en combattant, mais encore les mains sur la tête criblée de balles, dans tout le corps et défigurées par les coups de feu qu’on avait tirés dans leurs pauvres têtes pour les achever.

Ordre fut donné de les enterrer au plus vite comme des chiens et les autorités partirent. Alors le bon curé s’approcha, les bénit et essaya de les reconnaitre, pensant à leurs pauvres parents, il fit de son mieux pour les identifier, mettant un numéro dans leurs poches, révélant le détail de leurs costumes car ils étaient méconnaissables. Le menuisier veilla toute la nuit pour faire les douze cercueils.

On enterra nos petits 12 juin, a 11 h du soir dans un petit cimetière ou l’on a creusé une grande fossé dans la terre. Le lendemain, tout le pays horrifié vint de recouvrir de fleurs. Les malheureux parents ne furent pas prévenus par les autorités qui avait emporté les pièces d’identité. Il ne sauraient pas encore ce que seraient devenus leurs enfants si par hasard quelqu’un n’avait donné l’alarme.

SOURCES